Forum OPL-FOCA

[Gaston Dupont]

Monsieur

Depuis 1958, je possède un FOCA PF 3L. Je l'ai encore utilisé hier, mardi 12 Octobre.
J'ai toujours été étonné de la disparition de cette grande marque.
Pourquoi ?

Difficultés d'adaptation ? Financières ? Recherches insuffisantes ?

L'optique française était très renommée au point d'avoir été choisie par la NASA.

Avons-nous été dépassé par l'arrivée de l'électronique et des circuits imprimés dans l'appareillage photographique ? Il n'en demeure pas moins que cette non présence est très dommageable. Maintenant à l'ère du numérique les fabricants français sont aux abonnés absents.

Par avance merci pour vos commentaires et félicitations pour votre site.

G Dupont

[Roland Weber]

Bonsoir,

Bernard Vial, qui en tant que photographe professionnel a été témoin de la disparition de FOCA, nous en explique les raisons dans le numéro 8 de "Prestige de la photographie" (1980) pages 75-76-77.
".......1956...cette période voit pour la première fois les ventes marquer le pas et la concurrence devenir plus dangereuse. En effet, les appareils allemands commencent à rentrer avec plus de facilités, et surtout de grands fabricants comme Kodak font monter en France les Rétinettes qu'ils ne peuvent encore importer librement. Et cela mord sur la clientèle des bas de gamme de l'O.P.L........Le reflex l'emportait partout sur l'appareil à télémètre, et ceux qui malgré tout lui restaient fidèles, disposaient maintenant des nouveaux Leica de la série M, et n'entendaient pas en changer pour revenir au Foca, d'autant plus que les perfectionnements dont il avait fait l'objet, l'avaient amené à un prix très voisin de celui du concurrent allemand.... "
Et à propos de l'Universel RC "... Ce fut le chant du cygne de l'O.P.L. en photographie. La maison existe toujours à Levallois, elle a depuis fusionné avec Somberthiot sous le nom de Sopelem, et a repris son activité d'antan en se spécialisant dans les instruments d'optique scientifique et d'hydraulique..."
A cela on peut ajouter l'erreur fatale commise par l'O.P.L. en choisissant le principe sans avenir de l'obturateur central pour ses modèles reflex.

Bien cordialement.
R.Weber

[danny D]

Je me permets de donner une opinion.

Je pense que la mentalité des gens a changé depuis. Je me rappelle dans les années 80, dans ma famille côté France, la mentalité c'était "On achète français", ca allait de la voiture à l'electro-ménager !

Je me demande si aujourd'hui, Foca revenait avec un appareil de très grande qualité "Made in France" s'il aurait le moindre succès...

Ensuite, je trouves que Foca OPL ne s'est pas bien exporté. Tout photographe amateur en France de plus de 50 ans connaît Foca. En Belgique, c'est presque inconnu.

Ce qui est bizarre (pas tant que celà), c'est ce qui est arrivé au Focaflex qui était un appareil assez révolutionnaire pour son époque, c'est vrai que l'obturateur central n'était pas une solution viable (quoique les Bessamatic et Contaflex ont quand même marché) alors que l'époque était plutot favorable aux révolutions techniques.

Puis, la fin de Foca en photo correspond au déclin du règne de l'Exakta en reflex avec l'arrivée des japonais Nikon, Canon et Minolta qui étaient moins chers.

Bref, 10 ans en avance, la fin de Foca dans la Photo a visiblement les mêmes causes que le déclin de grandes sociétés françaises dans des domaines variés.

[Stéphane Pouyllau]

OPL, si elle avait survécu, aurait-elle fait passer ses Foca au numérique... on aurait pu avoir, comme Leica l'a fait, un Universel N

Cordialement,

Stéphane.

[Philippe Leroy]

Pour faire suite, Sopelem à son tour a fermé en 1985. J'y étais entré en 1972...
On n'y fabriquait plus depuis longtemps d'appareils photographiques mais encore quelques moutons à cinq pattes genre caméra haute vitesse (pour Cap canavral), aussi des optiques de télescopes plus ou moins géants.
Tout le systeme IGN pour la mécanisation des cartes d'après prises de vue aérienne des fameux Hurel Dubois. J'avais démonté une des unités encore installée bvd Davout, un monstre et source sans fins de roulements et câbles divers.
Dans d'autres domaines, pour CII Honeywell, nous étions plus ou moins à l'origine du premier disque dur informatique. Un engin dont le stylet était actionné par un systeme hydraulique car c'était ce qu'il y avait de plus rapide...
Bref, la liste est longue quand ma mémoire veut bien en jouer.
Il y a aussi tout le côté militaire en optique et en hydraulique, tout ce qu'il fallait pour mettre un obus à sa place ou utiliser un périscope de SM d'attaque...
Encore tout le freinage type ABS avant l'heure pour toute une génération d'avions depuis l'Airbus jusqu'au Concorde.
Un peu de réfractométrie aussi avec un appareil toujours apprécié des viticulteurs.
De l'hydraulique à la demande genre presse 6X 1000 tonnes, pont roulant tranbordeur de Rouen et le pointage des téléscopes.

Sopelem était une de ces sociétés, entreprises, habituées à la mane des marchés d'état, sans lutte à tenir contre la concurence.
Et puis le robinet se ferme, c'est fini...
Reste une histoire, une technologie exceptionnelle balayée et oubliée...

J'ai en mêmoire le signe de la fin: un technicien hyperqualifié car pouvant entrer dans un sous marin à Cherbourg quittant la société pour s'acheter une estafette et aller vendre des robes sur les marchés.
Il voulait juste un peu de reconnaissance.
Quand on laisse partir un tel savoir faire, la messe est dite.

Alors le Foca que j'ai présenté ici vient d'un ancien de Levallois que j'ai connu.

Voilà, désolé, un peu fouilli mon message, mais un peu d'émotion remonte toujours au sujet de la Sopelem. J'y ai passé 13 ans.
Certainement la même chose pour des anciens de l'OPL ou de la SOM... ?
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Il n'y a de nouveau que ce qui a été oublié...

[Roland Weber]

Merci pour ce témoignage à la fois très intéressant et émouvant.
Cordialement.
R.Weber